C’était le samedi 13 juin, jour de la manifestation contre les violences policières, tout un symbole, que Maurice Rajsfus, qui, à 92 ans, a passé sa vie à dénoncer les crimes et violences de la police, a tiré définitivement sa révérence. Depuis ce matin du 16 juillet 1942, il se considérait en sursis. Ce jour-là, le jeune Maurice, alors âgé de 14 ans, et sa famille sont arrêtés chez eux par deux policiers (l’un d’eux est leur voisin de palier). Ils sont victimes de la rafle du Vél d’Hiv, au cours de laquelle 13 000 Juifs furent arrêtés par les forces de l’ordre françaises au service du régime nazi. Cet événement l’accompagnera toute sa vie. Aussi on le retrouve militant contre tous les crimes, toutes les injustices. Résistant à la guerre d’Indochine, l’un des fondateurs du mouvement des conscrits qui refusaient de partir en Algérie, il a soutenu le peuple palestinien, fondé un observatoire des libertés publiques, il a été choisi pour présider le réseau Ras l’Front (contre le front national). Il est l’auteur d’une soixantaine d’ouvrages parmi lesquels : « Des Juifs dans la collaboration. L’UJIF 1941 – 1944 », « Sois juif et tais-toi ! Les Français israélites face au nazisme, 1930 – 1940 », « Retour d’Israël » « Israël/Palestine, l’ennemi intérieur ». Depuis 1968, il recensait sur ses fiches bristol les dérapages policiers et dénonçait régulièrement les violences policières.
Il était le président d’honneur de la radio associative parisienne Fréquence Paris Plurielle (FPP – 106.3 mHz).
Adieu l’ami, que la terre te soit légère…
Jacques Soncin, président de Radio FPP
